De l'autre année et des Jeux de cartes Vietnamiens
L'AUTRE ANNEE
Chapitre1
Le Vendredi 12 février, est une belle occasion de refaire la fête et de jouer en famille.
Il s’agit évidemment à cette date d’accueillir le nouvel an lunaire, qui n’a rien de totalement Chinois, sinon nous allons nous fâcher avec nos amis vietnamiens.
La Fête du TÊT, dont il s’agit ici, est la principale fête traditionnelle du pays, un temps de trois jours fériés, où beaucoup prennent une bonne semaine (et même plus) de congés.
À Saigon, à Hanoi, à Hué, partout, les bureaux de l'administration ferment leurs portes, les hôtels affichent complet, les transports publics sont noirs de monde.
Le premier jour du nouvel an vietnamien s'accompagne de pratiques particulières. Dans les pagodes, du santal brûle dans les encensoirs.
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À Hanoi, à Saigon, à Paris, à San Francisco, les curieux peuvent admirer la procession du dragon. Fait de carton et de tissu rouge (une couleur bénéfique), le corps de cet animal mythique vénéré en Asie (il est symbole de force et de puissance) peut mesurer jusqu'à 40 m de longueur. Il est souvent porté par un groupe d'hommes dont on ne voit que le bas des jambes.
C'est aussi le Temps où selon la tradition, les âmes des morts reviennent sur terre.
Pas question de rater pareil rendez-vous avec les esprits des ancêtres. Les vivants doivent impérativement être présents pour les recevoir dignement, debout devant l'autel des ancêtres, face a de succulents mets réalisés pour les circonstances.
Dans chaque foyer vietnamien, l'autel des ancêtres constitue le centre de gravité spirituel de la famille, du clan, de la lignée.
Il consiste généralement en un meuble plus ou moins important, où sont exposées à longueur d'année quelques photos des parents défunts, des bâtonnets d'encens, des coupelles contenant des fruits et des objets chers aux défunts.
Dans certains villages, les villageois se cotisent pour édifier une maison dédiée au culte des ancêtres, ouverte à l'ensemble de la communauté.
Evidemment, si vous êtes abonné à Netflix et aux séries asiatiques, vous connaissez déjà un peu.
De longs papiers rouges avec des caractères noirs sont souvent accrochés à l'extérieur des habitations pour égayer le décor.
Rien n'est trop beau pour recevoir les âmes des ancêtres.
Pendant longtemps, les Vietnamiens faisaient exploser en rafale des pétards pour chasser les mauvais esprits. Cette pratique n'a pas tout à fait disparu, bien qu'elle soit officiellement interdite par le gouvernement vietnamien en raison des nombreux accidents mortels survenus dans le passé.
À défaut de pétards, il reste les fleurs.
Précisons que la fête du Têt marque également l'Arrivée du printemps, d'où son nom vietnamien qui signifie « fête de la première aurore ».
A cet effet, les marchés débordent de fleurs.
Les plus achetées sont au Sud les branches d'abricotier (canh maï) aux fleurs jaunes, et au Nord les branches de pêcher (canh dào) aux fleurs roses. Les familles se réunissent à la maison.
Les parents, les proches et les amis se rendent visite. Les femmes confectionnent le banh chung, un délicieux gâteau de riz gluant, garni d'une farce composée de viande de porc, de haricots écrasés, le tout arrosé d'une sauce de soja ou de nuoc mam, la sauce nationale à base de saumure de poisson.
Ces différents temps de rencontres sont évidemment propices à la pratique de quelques jeux de sociétés dit traditionnels.
Une pratique qui est d'ailleurs encouragée par quelques civiles administrations, tel par le Musée Ethnographique d'Hanoï.
On recensera à propos les jeux collectifs des cours de récréation ou des libres espaces urbains et ruraux :
Tels les jeux de Cerfs volants :
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Le cerf-volant est né il y a plus de mille ans. Les anciens croyaient que le cerf-volant volant pouvait bannir les choses mauvaises et malheureuses. Ils ont écrit des noms de maladies dangereuses sur les cerfs-volants, puis ont coupé les cordes lorsque les cerfs-volants ont volé haut. Ils voulaient que le vent éloigne les cerfs-volants et les fléaux des humains et empêche leurs descendants d’être infectés par des maladies. De plus, le cerf-volant était également une offrande aux dieux pendant la nuit de pleine lune dans le calendrier lunaire.
Le “ Rong Ran Len May” ou jeu du dragon-serpent.
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Le “Rong ran len may”, le jeu du dragon-serpent montant vers les nuages en français , est une variante du jeu de trap-trap. Le jeu encourage la compétence de travail en équipe et la solidarité collective chez les enfants. Il y a deux personnages dans ce jeu : le receveur et un dragon. Le long dragon se compose de plus de 5 personnes alignées, tandis qu’une seule personne joue le rôle du receveur.
Comment jouer?
Pour commencer la partie, Lorsque le dragon arrive à la maison du receveur, ils chantent une chanson pour appeler le receveur. Après la fin de la chanson, le receveur dira “poursuite”, essayant d’attraper la personne qui se tient à la toute fin, représentant la queue du dragon. La tête du dragon (debout devant la ligne) devra bouger, étirer les bras pour protéger la ligne. Et tout le monde en ligne doit se déplacer dans la même direction que la tête pour éviter de casser la ligne. Si le receveur attrape chacun d’eux ou si la ligne ressemblant au dragon se casse, le receveur gagne. Si le dragon réussit à faire un cercle avant la poursuite du receveur, le dragon gagnera.
Le “ Choi Chuyen” ou jeu des bâtonnets.
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Ce jeu traditionnel de bâtonnets en bambou est particulièrement apprécié des filles. Le Choi Chuyen se pratique souvent rythmé par les paroles d’une comptine. Un tas de baguettes est disposé sur le sol et une balle lancée en l’air. Le but de ce jeu consiste à récupérer un par un le plus de bâtonnets possible avant de rattraper la balle.
Comment jouer?
La suite du jeu se déroule avec un tas de dix bâtonnets, le joueur lance la balle puis doit transférer le paquet d’une main à l’autre autant de fois que possible avant de récupérer le ballon dans le creux de ses paumes. S’il échoue il passe la main à l’autre joueur
Le “ Meo Bat Chuot” – Chat et souris.
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Ce jeu se compose de plus de sept membres dans une équipe. Ils se tiennent en cercle, se tiennent la main et lèvent la main au-dessus de leur tête pour créer une barrière. Ensuite, ils choisissent une personne pour jouer au chat et une autre pour jouer à la souris. Les deux se tiennent dos à dos au milieu du cercle.
Le Jeu :
Sur le compte de trois, la souris commence à courir dans le cercle et le chat doit le poursuivre. Le chat gagne la partie lorsque la souris est attrapée. Au début du jeu, les personnes du cercle commencent également à chanter une chanson, généralement une chanson folklorique.
Le “ Da Cau” ou jeu du volant.
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Ce jeu traditionnel datant du XIIIe siècle, est très populaire au Vietnam. Le “Da Cau” ressemble un peu au badminton mais il n’y pas de raquette. Pour pratiquer ce jeu, il suffit de se procurer un volant à plumes monté sur un ressort. Les joueurs se le renvoient avec leurs pieds par-dessus un filet. C’est un jeu d’adresse et il ne faut surtout pas laisser tomber le volant pour remporter le point.
Les jeux d'intérieur ou de terrasses, intimes ou collectifs :
Le “ O an quan” – Jeu du casier mandarin.
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Ce jeu populaire peut se jouer à 2, 3 ou 4. Il s’agit d’un jeu de stratégie dans lesquels on distribue des cailloux dans des rangées de carrés. Souvent dessinés à même le sol, ces carrés comprennent : 10 cases carrées de paysan et 2 cases demi-circulaires de mandarin aux deux extrémités.
Chaque joueur dispose d’une série de 35 cailloux dont 25 sont répartis dans les 5 carrées de paysan et 10 dans la case de mandarin. Les 10 cailloux de la case mandarin sont souvent remplacés par une pierre plus grosse que les autres...
Ce « jeu du casier Mandarin » existe depuis très longtemps au Vietnam. Il a connu une diffusion dans
tout le pays. Autrefois très pratiqué par les enfants, ce jeu traditionnel a aujourd’hui quelque peu disparu des cours d’école.
Ses vertus pour la manipulation des chiffres sont toutefois reconnues, c’est pourquoi certaines institutions comme le musée d’Ethnologie du Vietnam
tentent de le faire perdurer.
Le mathématicien vietnamien Mac Hien Tich aurait découvert les nombres négatifs en 1086 grâce à ce jeu… En 2004, il fait l’objet d’une application téléphonique qui lui donne un nouvel essor.
Ce jeu vietnamien est en fait un dérivé du jeu du Mancala, dont on connait l’existence depuis
plus de 10 000 ans avant Jésus Christ en Egypte. Ce type de jeu est très répandu en Afrique.
Contrairement aux Mancalas et Awélés sculptés et vendus dans les boutiques de jeux , le « jeu du mandarin » n’ a pas le même essor artisanal.
Seuls des factures de jeux en plastique participent à le rendre « échangeable ».
Le “ Choi Chuyen” ou jeu des bâtonnets.
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Le “ Bai Choi”, jeu de bingo vietnamien.
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Pratiqué depuis plus de quatre-cents ans, le Bai Choi est un jeu traditionnel du centre du Vietnam très présent à Hoi An.
Le jeu :
Les règles sont simples : il suffit de choisir trois planchettes en bois sur lesquelles sont gravés un dessin et un mot en vietnamien. Un chanteur tire au sort une baguette de bambou avec un mot inscrit sur l’une des faces, puis se met à entonner un chant folklorique ou bien prononce simplement un mot. A cet instant une personne passera devant tous les participants avec le mot et le dessin correspondants à la chanson. Si vous avez la bonne combinaison, l’animateur vous remettra un petit drapeau jaune. Le but du jeu étant de réussir à valider les trois combinaisons de votre planche avant un autre joueur.
Ce "Bingo" ressemble quelques peu au jeu japonais du KARUTA où des poèmes inscrits sur des cartes sont également lus à Hautes voix pour des duels endiablés sur tatamis...
Le "làm vỡ cái nồi"
Le Casse-Marmite :
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Un porte-bonheur pour le nouvel an Chinois.
On se souviendra que Marco Polo, originaire de Venise en Italie, a prit la route pour l’Asie lors de l’été de l’année 1271.
Son épopée en Asie à durer 24 ans. C’est lors de son voyage en Chine qu’il aurait découvert l’existence de la "pinata".
Selon les livres écrit par le voyageur ce sont les Chinois qui ont été les premiers à utiliser quelque chose de similaire à la pinata actuelle.
Ils l’utilisaient lors de leurs fêtes du Nouvel An, période qui marquait aussi le début du printemps. Ils fabriquaient des coques en argile, ou en paille.
Elles étaient en forme de buffles, de vaches et de bœufs. Elles étaient ensuite recouvertes de papier de différentes couleurs. Enfin ils les remplissaient de 5 sortes de graines, principalement du riz.
Pour les casser, ils utilisaient un bâton coloré.
Après avoir récupéré les graines, ils brûlaient le papier, et gardaient les cendres en guise de porte-bonheur. En effet, ils pensaient ainsi avoir des bonnes récoltes tout au long de l’année.
Le jeu arriva en Italie via le retour de Marco en sa maison puis des années plus tard s'exporta avec succès jusqu'au Mexique en un point où l'on oublia l'origine de cette frappe les yeux bandés.
Reste qu'aujourd'hui, le "Casse marmite" est toujours en vigueur dans quelques Auberges du Vietnam, ou dans quelques parcs urbains ...
Le “ Co Tuong” ou jeu d'échecs vietnamien
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Parmi les jeux traditionnels vietnamiens, le jeu d’échecs est très populaire au Vietnam. En effet, il n’est pas rare de croiser des groupes de joueurs au bord des lacs, sur les bancs ou les trottoirs.
Le jeu :
Les voyageurs le confondent souvent avec le jeu de dames. Au Vietnam on joue sur un plateau de cases blanches avec des inscriptions chinoises au centre et les figurines sont remplacées par des jetons décorés d’idéogrammes chinois.
La règle du jeu est à quelques exceptions près la même que pour un échiquier occidental.
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Le CO TUONG est parfois joué à taille humaine avec deux équipes prêtes à s'affronter selon quelques chorégraphies martiales liées à la figure des pions représentés par les figurants aux ordres de 2 joueurs.
Ces rencontres ont très souvent un public très enthousiaste à applaudir .
Et des Jeux de cartes atypiques :
Tel le Tam Cuc :
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Le Tam cuc est un jeu de cartes traditionnel Vietnamien dont le principe est basé sur le jeu de la bataille.
Le but est de collecter le plus de cartes possible.
Le nombre de joueurs possible est de 2 à 4.
Le jeu :
On commence la partie en distribuant 5 cartes à chaque joueur.
A chaque tour, les joueurs jouent une carte ou une combinaison qui sera révélée simultanément, celui qui a la plus forte met les cartes gagnantes de son coté, les autres sont remises sous la pile de pioche.
Chaque joueur pioche ensuite des cartes pour toujours en avoir 5. S'il y a égalité dans le nombre de cartes de chaque main, personne ne pioche.
Quand il n y a plus de cartes dans la pioche, la partie s'arrête et celui qui a le plus de cartes gagne.
Attention au nombre de cartes : il y a par couleur :
1 Empereur, 2 Érudits, 2 Éléphants, 2 Chariots, 2 Canons, 2 Chevaux, 5 Soldats.
Des Jeux de Cartes à jouer "classiques" :
A la différence des "cartes ethniques" ou des "jeux traditionnels", nous considérons la "Carte à jouer classique" comme étant l'héritage d'une longue histoire d' un objet codifié depuis le XVIème siècle en France , puis retravaillé dans ces figures ici et là , avec au final un ensemble de cartes reconnaissables et utilisées dans le Monde entier.
Evidemment ces "cartes classiques" sont un média pour des jeux différents d'une contrée à l'autre.
Par ailleurs, la nature d'un jeu de cartes dit classique est aussi calendaire !
L'objet , tel un almanach miniature, nous aiguillera à nouveau sur une année solaire, avec ses 4 saisons, soit ses 4 couleurs; ses 52 semaines , soit ses 52 cartes et ses 365 jours si on additionne bien les points de toutes nos cartes !
Dans les Faits, le 12 février 2021 montre aussi que le calendrier d’astrologie chinoise, voire Boudhiste, se superpose au calendrier grégorien universel (sans l'exclure). Les deux calendriers cohabitent aujourd'hui.
On peut le dire : le premier est culturel et spirituel, le second est technique et pratique. Ils se complètent bien.
Un nouveau "jeu de cartes classique", conçu en 2020 via une campagne Kickstarter nous permet de faire autrement cette liaison.
Il s'agit du jeu de Linh-Tran Do, qui cette fois pour ce nouveau jeu de cartes, associe la chose ludique, avec l'histoire et la culture vietnamienne :
" LA TERRE DE L'ETERNEL PRINTEMPS"
Chapitre 2
à suivre ....
En attendant notre prochaine publication,
Ayez une Bonne fête du Têt !
Signé : Alain Veinord